Espaces verts urbains et journée sans voiture : les parcs peuvent-ils contribuer à purifier notre air ?
L'importance de la qualité de l'air et la journée sans voiture
La qualité de l’air joue un rôle essentiel dans la santé et le bien-être des populations urbaines. Un air pur est essentiel au maintien de la santé respiratoire et cardiovasculaire, en particulier pour les groupes vulnérables tels que les enfants, les personnes âgées et les personnes souffrant de maladies préexistantes. Cependant, les environnements urbains sont souvent des points chauds de la pollution atmosphérique, dont une grande partie est causée par les émissions du trafic. La journée sans voiture a lieu chaque année à Bruxelles, afin de promouvoir et d’encourager ses citoyens à utiliser des modes de transport plus durables dans le but de réduire ces émissions.
Émissions dues au trafic : Que respirons-nous ?
La circulation est une source importante de pollution atmosphérique, contribuant au rejet de particules (PM) et de dioxyde d’azote (NO2) qui ont tous deux des effets néfastes sur la santé humaine. Les deux principaux polluants, les PM2.5 et PM10, sont des particules de poussière qui peuvent pénétrer dans les poumons, tandis que le NO2 est un gaz qui peut enflammer le système respiratoire et aggraver des maladies telles que l’asthme.
Le problème est particulièrement aigu dans les centres urbains denses, où les voitures, les bus et les camions rejettent des quantités importantes de ces polluants. Les espaces verts, tels que les parcs, sont souvent considérés comme des solutions naturelles pour améliorer la qualité de l’air en agissant comme des tampons entre les émissions de la circulation et les poumons des citadins. Ils peuvent absorber les polluants, réduire la chaleur et fournir un air plus pur aux visiteurs. À Bruxelles, des parcs tels que le Parc Cinquantenaire et le Parc Royale sont au cœur de la vie urbaine et attirent chaque jour des milliers de personnes, qu’il s’agisse de populations vulnérables comme les personnes âgées et les enfants.
Mais la question demeure : ces parcs peuvent-ils réduire de manière significative l’exposition à la pollution liée au trafic, en particulier pendant les heures de pointe ?
Données : Mesurer l'air que nous respirons
Pour comprendre le rôle que jouent les parcs dans l’atténuation de la pollution due au trafic, des données sur les principaux polluants ont été recueillies dans deux grands parcs de Bruxelles : Parc Cinquantenaire et Parc Royale.
L’accent a été mis sur trois polluants : PM2.5 (particules d’un diamètre inférieur ou égal à 2,5 microns), PM10 (particules d’un diamètre inférieur ou égal à 10 microns) et dioxyde d’azote (NO2). Ces concentrations journalières seraient comparées à celles d’une journée sans voiture. Si la concentration est stable, on peut en conclure que les espaces verts contribuent à atténuer la pollution urbaine.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les seuils pour ces polluants sont les suivants :
- PM2.5 : 5 µg/m³
- PM10 : 15 µg/m³
- NO2 : 5 ppb
Parc Cinquantenaire et Parc Royale : Ce que disent les données
- Concentrations de NO2 dans les parcs : Les niveaux moyens de dioxyde d’azote (NO2) étaient plus élevés dans les parcs en semaine, probablement à cause de leur proximité avec des routes très fréquentées.
- Effet du week-end et du froid : Le week-end, les concentrations de NO2 sur le boulevard du Régent ont augmenté, potentiellement en raison de la baisse des températures incitant plus de personnes à prendre leur voiture.
- Particules fines (PM10, PM2.5) : Les particules étaient plus présentes sur le boulevard du Régent toute la semaine.
- Effet de la journée sans voiture : Les PM ont baissé de 33% dans les parcs et de 20% sur le boulevard pendant la journée sans voiture. Pour le NO2, les concentrations ont chuté de 54 % sur le boulevard et jusqu’à 48 % dans les parcs, montrant un impact significatif de la journée sans voiture.
- Concentrations de particules fines : Les jours de semaine montrent des pics le matin sur la route très fréquentée, mais des niveaux plus stables dans les parcs.
- Particules remises en suspension : Le dimanche sans voiture a paradoxalement montré des niveaux élevés de particules fines en journée dans les parcs comparés au boulevard, probablement à cause de la poussière soulevée par les visiteurs.
- NO2 et pic du matin : Les trois sites présentent un pic de NO2 aux heures de pointe du matin, indiquant que les parcs ne peuvent pas complètement neutraliser l’impact du trafic.
-
- Pollution piégée : NO2 a baissé globalement, mais des niveaux plus élevés ont été détectés dans les parcs par rapport au boulevard du Régent lors de la journée sans voiture, possiblement dû à la pollution piégée.
Données sur le trafic : Le chemin à parcourir
Les données de trafic du compteur Telraam placé sur Rue de la Loi, à proximité du parc Royal, montrent qu’environ 6 500 voitures traversent cette route chaque jour.
La répartition en pourcentage des modes de transport est présentée dans la figure ci-dessous :
La vraie question : Dans quelle mesure les parcs peuvent-ils réduire la pollution ?
La stratégie suivante a été utilisée pour répondre à cette question : installer des capteurs dans les parcs entourés d’un trafic intense, comparer les concentrations quotidiennes des différents polluants avec les concentrations détectées lors d’un dimanche sans voiture. Si les parcs parviennent à atténuer la pollution, la différence entre ces concentrations devrait être minime, non ? Au cours de la semaine, les concentrations de particules étaient jusqu’à 35 % plus élevées dans les parcs que lors de la journée sans voiture. Le dioxyde d’azote connaît une augmentation similaire, avec 33 % de plus en semaine que lors de la journée sans voiture. Les figures ci-dessus montrent également des pics aux heures de pointe dans les deux parcs, ce qui indique que la pollution s’infiltre dans ces espaces verts, exposant tous les visiteurs à des concentrations bien supérieures au seuil fixé par l’OMS.
Même lors de la journée sans voiture, nous ne sommes pas à l’abri de ces polluants, car une fois qu’ils s’infiltrent, ils sont piégés dans les limites des parcs, ce qui entraîne des concentrations plus élevées à l’intérieur des parcs que sur un boulevard, où ces polluants peuvent être dispersés et dilués par le vent.
Il est important de garder à l’esprit les effets des émissions de la circulation et la façon dont elles peuvent même pénétrer dans nos espaces verts où nous allons pour respirer de l’air « frais ». Les parcs sont censés accueillir toutes les formes de vie, des enfants aux personnes âgées. Les athlètes qui s’entraînent respirent l’air ambiant à des taux élevés, en espérant que l’air est pur. Cette étude a montré que ce n’est pas toujours le cas : les parcs affichent les mêmes augmentations de pollution que les rues très fréquentées, voire les dépassent, et piègent ces polluants, les concentrant. La prochaine fois que vous prendrez vos chaussures de course ou votre panier de pique-nique, gardez à l’esprit que les parcs en ville ne sont pas forcément les espaces les moins pollués, et qu’une journée sans voiture n’est qu’un début pour atténuer la pollution due au trafic dans les villes.
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